Légions romaines
On croyait le mouvement irrépressible, les têtes hostiles prêtes à tomber. Et puis, arriva la tarte funeste au dessert. Où l'on vit, cette douceur sitôt avalée, le président PS du conseil régional de Bourgogne, l'ex-ministre François Patriat, s'éclipser. Agacé, sinon pire. « Je ne reste pas ici pour parler d'ouverture et de primaires ! », nous confiait-il avant de s'en aller avec ses collaborateurs. « Les primaires, c'est un aveu de faiblesse. Les Français s'en foutent et moi aussi. Ce qu'il nous faut, maintenant, c'est un chef ! »
Sur le fond, beaucoup à Frangy avaient déjà compris que la rénovation allait cahin-caha. Le bouquin pour défendre le principe des primaires, « nous avons travaillé quatre mois dessus, comme les chrétiens des catacombes sous les pas des légions romaines sur nos têtes », s'était enflammé Arnaud Montebourg. Saisissante évolution pour un député qui, au soir de sa réélection en 2007, décrétait à Louhans « enfin survenu le temps des jeunes lions triomphants » et se préparait lui-même à dévorer les martyrs futurs de Solférino... dans le camp d'en face.
« Attelage baroque »
Alors, hier, l'homme a repris son bâton de pèlerin, puisant dans la rhétorique catholique pour dire sa « foi » socialiste, dénoncer son refus de « ces églises que sont les systèmes politiques » et de ces « archevêques qui les dirigent » en pratiquant « le commerce des indulgences ». Certes, les primaires ne feront pas de « miracle ». C'est juste un « outil pour changer en profondeur », a-t-il concédé, pas une « machine à diviser » mais « une machine à éliminer jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un ».
C'est cette théorie de « l'entonnoir avec un candidat unique à la sortie » qui a séduit Benoît Hamon. Le porte-parole du PS veut désormais des primaires car son parti doit en finir avec son « maudit nombril » et parce que c'est « le meilleur moyen de réaliser l'unité à gauche pour gagner l'élection présidentielle ». La priorité restant, à ses yeux, de rebâtir la « maison commune » chère à Martine Aubry et non de « constituer un attelage un peu baroque » avec le MoDem.
Cette formation dont le chef « ancien ministre d'Édouard Balladur » est un rival politique majeur dans la course à L'Élysée et qui fait « siéger ses députés européens avec les libéraux » à Bruxelles.
Que Marielle de Sarnez raconte donc ce qu'elle veut à Marseille, elle ne sera « cohérente » que « si elle adhère au PS pour défendre les idées sociales qu'elle a développées là-bas. Si Vincent Peillon l'a invitée, c'est parce qu'il pratique la politique d'appareil », a conclu Arnaud Montebourg, cinglant. En soulignant au passage que lui s'était engagé « pour servir les gens » et rien d'autre.
(1) « Primaires, comment sauver la gauche ». Le Seuil, 126 pages, 12 euros.
Jusqu'au dessert, tout allait bien. Arnaud Montebourg, devant les journalistes, se félicitait que « l'idée des primaires progresse ». Il citait le ralliement, la veille, de Bertrand Delanoë. Celui, le matin même, de Benoît Hamon, l'invité du jour de sa 37e Fête de la Rose à Frangy-en-Bresse.
Le député et président du conseil général de Saône-et-Loire vantait aussi son petit livre rouge, co-écrit sur le sujet avec Olivier Ferrand, président de la fédération progressiste Terra Nova (1). Évoquait une pétition qui « tel un furet allait courir de Frangy à La Rochelle » pour forcer le destin du PS, puisqu'il le fallait bien.
Avec emphase, forcément, il proclamait que Martine Aubry, qu'il rencontrera aujourd'hui à Paris, devait « parler » au plus vite sur ce délicat sujet. « C'est comme le général De Gaulle, à l'époque chacun attendait sa parole ! », insistait-il. Car lui, Arnaud Montebourg, n'était pas « secrétaire national chargé de la conservation mais chargé de la rénovation », qu'on ne l'oublie pas.
Ceci rappelé, il ne « menaçait personne » quoique avouant céder au « découragement » parfois. Quant au « redressement du PS », il relevait d'une « course contre la montre » impliquant que « toute mesure dilatoire » fût « combattue comme il est nécessaire ».
On croyait le mouvement irrépressible, les têtes hostiles prêtes à tomber. Et puis, arriva la tarte funeste au dessert. Où l'on vit, cette douceur sitôt avalée, le président PS du conseil régional de Bourgogne, l'ex-ministre François Patriat, s'éclipser. Agacé, sinon pire. « Je ne reste pas ici pour parler d'ouverture et de primaires ! », nous confiait-il avant de s'en aller avec ses collaborateurs. « Les primaires, c'est un aveu de faiblesse. Les Français s'en foutent et moi aussi. Ce qu'il nous faut, maintenant, c'est un chef ! »
Sur le fond, beaucoup à Frangy avaient déjà compris que la rénovation allait cahin-caha. Le bouquin pour défendre le principe des primaires, « nous avons travaillé quatre mois dessus, comme les chrétiens des catacombes sous les pas des légions romaines sur nos têtes », s'était enflammé Arnaud Montebourg. Saisissante évolution pour un député qui, au soir de sa réélection en 2007, décrétait à Louhans « enfin survenu le temps des jeunes lions triomphants » et se préparait lui-même à dévorer les martyrs futurs de Solférino... dans le camp d'en face.
« Attelage baroque »
Alors, hier, l'homme a repris son bâton de pèlerin, puisant dans la rhétorique catholique pour dire sa « foi » socialiste, dénoncer son refus de « ces églises que sont les systèmes politiques » et de ces « archevêques qui les dirigent » en pratiquant « le commerce des indulgences ». Certes, les primaires ne feront pas de « miracle ». C'est juste un « outil pour changer en profondeur », a-t-il concédé, pas une « machine à diviser » mais « une machine à éliminer jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un ».
C'est cette théorie de « l'entonnoir avec un candidat unique à la sortie » qui a séduit Benoît Hamon. Le porte-parole du PS veut désormais des primaires car son parti doit en finir avec son « maudit nombril » et parce que c'est « le meilleur moyen de réaliser l'unité à gauche pour gagner l'élection présidentielle ». La priorité restant, à ses yeux, de rebâtir la « maison commune » chère à Martine Aubry et non de « constituer un attelage un peu baroque » avec le MoDem.
Cette formation dont le chef « ancien ministre d'Édouard Balladur » est un rival politique majeur dans la course à L'Élysée et qui fait « siéger ses députés européens avec les libéraux » à Bruxelles.
Que Marielle de Sarnez raconte donc ce qu'elle veut à Marseille, elle ne sera « cohérente » que « si elle adhère au PS pour défendre les idées sociales qu'elle a développées là-bas. Si Vincent Peillon l'a invitée, c'est parce qu'il pratique la politique d'appareil », a conclu Arnaud Montebourg, cinglant. En soulignant au passage que lui s'était engagé « pour servir les gens » et rien d'autre.
(1) « Primaires, comment sauver la gauche ». Le Seuil, 126 pages, 12 euros.
Jusqu'au dessert, tout allait bien. Arnaud Montebourg, devant les journalistes, se félicitait que « l'idée des primaires progresse ». Il citait le ralliement, la veille, de Bertrand Delanoë. Celui, le matin même, de Benoît Hamon, l'invité du jour de sa 37e Fête de la Rose à Frangy-en-Bresse.
Le député et président du conseil général de Saône-et-Loire vantait aussi son petit livre rouge, co-écrit sur le sujet avec Olivier Ferrand, président de la fédération progressiste Terra Nova (1). Évoquait une pétition qui « tel un furet allait courir de Frangy à La Rochelle » pour forcer le destin du PS, puisqu'il le fallait bien.
Avec emphase, forcément, il proclamait que Martine Aubry, qu'il rencontrera aujourd'hui à Paris, devait « parler » au plus vite sur ce délicat sujet. « C'est comme le général De Gaulle, à l'époque chacun attendait sa parole ! », insistait-il. Car lui, Arnaud Montebourg, n'était pas « secrétaire national chargé de la conservation mais chargé de la rénovation », qu'on ne l'oublie pas.
Ceci rappelé, il ne « menaçait personne » quoique avouant céder au « découragement » parfois. Quant au « redressement du PS », il relevait d'une « course contre la montre » impliquant que « toute mesure dilatoire » fût « combattue comme il est nécessaire ».