Sonnet
Chère Isis, tes beautés ont troublé la nature,
Tes yeux ont mis l'Amour dans son aveuglement,
Et les Dieux occupés après toi seulement
Laissent l'état du monde errer à l'aventure.
Voyant dans le soleil tes regards en peinture,
Ils en sentent leur coeur touché si vivement
Que s'ils n'étaient cloués si fort au firmament,
Ils descendraient bientôt pour voir leur créature.
Crois-moi qu'en cette humeur ils ont peu de soucis
Ou du bien ou du mal que nous faisons ici ;
Et tandis que le Ciel endure que tu m'aimes,
Tu peux bien dans mon lit impunément coucher.
Isis, que craindrais-tu, puisque les Dieux eux-mêmes
S'estimeraient heureux de te faire pécher ?
Auteur:Théophile de VIAU