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    Le saut du tremplin

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    GODOF
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    Le saut du tremplin Empty Le saut du tremplin

    مُساهمة من طرف GODOF الإثنين 31 أغسطس - 20:30



    Clown admirable, en vérité !
    Je crois que la postérité,
    Dont sans cesse l'horizon bouge,
    Le reverra, sa plaie au flanc.
    Il était barbouillé de blanc,
    De jaune, de vert et de rouge.

    Même jusqu'à Madagascar
    Son nom était parvenu, car
    C'était selon tous les principes
    Qu'après les cercles de papier,
    Sans jamais les estropier
    Il traversait le rond des pipes.

    De la pesanteur affranchi,
    Sans y voir clair il eût franchi
    Les escaliers de Piranèse.
    La lumière qui le frappait
    Faisait resplendir son toupet
    Comme un brasier dans la fournaise.

    Il s'élevait à des hauteurs
    Telles, que les autres sauteurs
    Se consumaient en luttes vaines.
    Ils le trouvaient décourageant,
    Et murmuraient : " Quel vif-argent
    Ce démon a-t-il dans les veines ? "

    Tout le peuple criait : " Bravo! "
    Mais lui, par un effort nouveau,
    Semblait roidir sa jambe nue,
    Et, sans que l'on sût avec qui,
    Cet émule de la Saqui
    Parlait bas en langue inconnue.

    C'était avec son cher tremplin.
    Il lui disait : " Théâtre, plein
    D'inspiration fantastique,
    Tremplin qui tressailles d'émoi
    Quand je prends un élan, fais-moi
    Bondir plus haut, planche élastique !

    " Frêle machine aux reins puissants,
    Fais-moi bondir, moi qui me sens
    Plus agile que les panthères,
    Si haut que je ne puisse voir,
    Avec leur cruel habit noir
    Ces épiciers et ces notaires !

    " Par quelque prodige pompeux
    Fais-moi monter, si tu le peux,
    Jusqu'à ces sommets où, sans règles,
    Embrouillant les cheveux vermeils
    Des planètes et des soleils,
    Se croisent la foudre et les aigles.

    Jusqu'à ces éthers pleins de bruit,
    Où, mêlant dans l'affreuse nuit
    Leurs haleines exténuées,
    Les autans ivres de courroux
    Dorment, échevelés et fous,
    Sur les seins pâles des nuées.

    " Plus haut encor, jusqu'au ciel pur !
    Jusqu'à ce lapis dont l'azur
    Couvre notre prison mouvante !
    Jusqu'à ces rouges Orients
    Où marchent des Dieux flamboyants,
    Fous de colère et d'épouvante.

    " Plus loin ! plus haut ! je vois encor
    Des boursiers à lunettes d'or,
    Des critiques, des demoiselles
    Et des réalistes en feu.
    Plus haut ! plus loin ! de l'air ! du bleu !
    Des ailes ! des ailes ! des ailes ! "

    Enfin, de son vil échafaud,
    Le clown sauta si haut, si haut
    Qu'il creva le plafond de toiles
    Au son du cor et du tambour,
    Et, le coeur dévoré d'amour,
    Alla rouler dans les étoiles.


    Auteur:Théodore de BANVILLE


      الوقت/التاريخ الآن هو الجمعة 15 نوفمبر - 11:45