D'une manière générale, un monologue désigne une conversation qu'une personne tient avec elle-même. Ce terme désigne un genre théâtral. « Monologue » vient du grec : mono (un seul), et logos (le discours).
Un monologue est la plupart du temps une courte pièce satirique. Ces courtes pièces forment, par leur ensemble une sorte de revue satirique des divers états de la société. Le ton en est spirituel, et il est essentiellement comique ; le personnage qui parle étale ses travers ou ses mésaventures ; il fait rire de lui. Ce type de monologue est fréquemment utilisé par les chansonniers.
Lorsqu'un dramaturge compose une pièce de théâtre entière à un seul personnage, ce monologue est plus rarement comique. Il s'agit alors plutôt d'une introspection, ou d'une analyse des sentiments humains.
Il peut y avoir également des scènes de monologue au sein d'une pièce dialoguée, ainsi que des actes. S'il ne s'agit, à l'intérieur d'une scène, que d'une ou de quelques phrases qu'un personnage se dit à lui-même ou au spectateur, on désigne ce monologue du terme aparté.
Une vingtaine de monologues du Moyen Âge nous sont parvenus.
Principaux monologues :
* Le Franc-Archer de Bagnolet
* Le Clerc de taverne
* La Chambrière à louer à tout faire
Scène II
GEORGE DANDIN, LUBIN
GEORGE DANDIN, voyant sortir Lubin de chez lui.
Que diantre ce drôle-là vient-il faire chez moi?
LUBIN.
Voilà un homme qui me regarde.
GEORGE DANDIN.
Il ne me connaît pas.
LUBIN.
Il se doute de quelque chose.
GEORGE DANDIN.
Ouais! il a grand-peine à saluer.
LUBIN.
J'ai peur qu'il n'aille dire qu'il m'a vu sortir de là-dedans.
GEORGE DANDIN.
Bonjour.
LUBIN.
Serviteur.
GEORGE DANDIN.
Vous n'êtes pas d'ici, que je crois?
LUBIN.
Non, je n'y suis venu que pour voir la fête de demain.
GEORGE DANDIN.
Hé! dites-moi un peu, s'il vous plaît, vous venez de là-dedans?
LUBIN.
Chut!
GEORGE DANDIN.
Comment?
LUBIN.
Paix!
GEORGE DANDIN.
Quoi donc?
LUBIN.
Motus! Il ne faut pas dire que vous m'ayez vu Sortir de là.
GEORGE DANDIN.
Pourquoi?
LUBIN.
Mon Dieu! parce.
GEORGE DANDIN.
Mais encore?
LUBIN.
Doucement. J'ai peur qu'on ne nous écoute.
GEORGE DANDIN.
Point, point.
LUBIN.
C'est que je viens de parler à la maîtresse du logis, de la part d'un certain
monsieur qui lui fait les doux yeux, et il ne faut pas qu'on sache cela.
Entendez vous?
GEORGE DANDIN.
Oui.
LUBIN.
Voilà la raison. On m'a enchargé de prendre garde que personne ne me vît,
et je vous prie au moins de ne pas dire que vous m'ayez vu.
GEORGE DANDIN.
Je n'ai garde.
LUBIN.
Je suis bien aise de faire les choses secrètement comme on m'a
recommandé.
GEORGE DANDIN.
C'est bien fait.
LUBIN.
Le mari, à ce qu'ils disent, est un jaloux qui ne veut pas qu'on fasse l'amour
à sa femme, et il ferait le diable à quatre si cela venait à ses oreilles: vous
comprenez bien?
GEORGE DANDIN.
Fort bien.
LUBIN.
Il ne faut pas qu'il sache rien de tout ceci.
GEORGE DANDIN.
Sans doute.
LUBIN.
On le veut tromper tout doucement: vous entendez bien?
GEORGE DANDIN.
Le mieux du monde.
LUBIN.
Si vous alliez dire que vous m'avez vu sortir dem chez lui, vous gâteriez
toute l'affaire: vous comprenez bien?
GEORGE DANDIN.
Assurément. Hé? comment nommez vous celui qui vous a envoyé làdedans?
LUBIN.
C'est le seigneur de notre pays, Monsieur le Vicomte de chose... Foin! je ne
me souviens jamais comment diantre ils baragouinent ce nom-là. Monsieur
Cli... Clitandre.
GEORGE DANDIN.
Est-ce ce jeune courtisan qui demeure...
LUBIN.
Oui: auprès de ces arbres!.
GEORGE DANDIN, à part.
C'est pour cela que depuis peu ce damoiseau poli s'est venu loger contre
moi; J'avais bon nez sans doute, et son voisinage déjà m'avait donné
quelque soupçon.
LUBIN.
Testigué! c'est le plus honnête homme que vous ayez jamais vu. Il m'a
donné trois pièces d'or pour aller dire seulement à la femme qu'il est
amoureux d'elle, et qu'il souhaite fort l'honneur de pouvoir lui parler.
Voyez s'il y a là une grande fatigue pour me payer si bien, et ce qu'est au
prix de cela une journée de travail où je ne gagne que dix sols.
GEORGE DANDIN.
Hé bien! avez-vous fait votre message?
LUBIN.
Oui, j'ai trouvé là-dedans une certaine Claudine, qui tout du premier coup a
compris ce que je voulais, et qui m'a fait parler à sa maîtresse.
GEORGE DANDIN, à part.
Ah! coquine de servante!
LUBIN.
Morguéne! cette Claudine est tout à fait jolie, elle a gagné mon amitié, et il
ne tiendra qu'à elle que nous ne soyons mariés ensemble.
GEORGE DANDIN.
Mais quelle réponse a fait la maîtresse à ce Monsieur le courtisan?
LUBIN.
Elle m'a dit de lui dire.., attendez, je ne sais si je me souviendrai bien de
tout cela... qu'elle lui est tout à fait obligée de l'affection qu'il a pour elle,
et qu'à cause de son mari, qui est fantasque, il garde d'en rien faire
paraître, et qu'il faudra songer à chercher quelque invention pour se
pouvoir entretenir tous deux.
GEORGE DANDIN, à part. Ah! pendarde de femme!
LUBIN.
Testiguiéne! cela sera drôle; car le mari ne se doutera point de la
manigance, voilà ce qui est de bon; et il aura un pied de nez avec sa
jalousie: est-ce pas?
GEORGE DANDIN.
Cela est vrai.
LUBIN.
Adieu. Bouche cousue au moins. Gardez bien le secret, afin que le mari ne
le sache pas.
GEORGE DANDIN.
Oui, oui.
LUBIN.
Pour moi, je vais faire semblant de rien: je suis un fin matois, et l'on ne
dirait pas que j'y touche.
Scène III
GEORGE DANDIN
Hé bien! George Dandin, vous voyez de quel air votre femme vous traite.
Voilà ce que c'est d'avoir voulu épouser une demoiselle: l'on vous
accommode de toutes pièces, sans que vous puissiez vous venger, et la
gentilhommerie vous tient les bras liés. L'égalité de condition laisse du
moins à l'honneur d'un mari liberté de ressentiment; et si c'était une
paysanne, vous auriez maintenant toutes vos coudées franches à vous en
faire la justice à bons coups de bâton. Mais vous avez voulu tâter de la
noblesse, et il vous ennuyait d'être maître chez vous. Ah! j'enrage de tout
mon coeur, et je me donnerais volontiers des soufflets. Quoi? écouter
impudemment l'amour d'un damoiseau, et y promettre en même temps de
la correspondance Morbleu! je ne veux point laisser passer une occasion de
la sorte. Il me faut de ce pas aller faire mes plaintes au père et à la mère,
et les rendre témoins, à telle fin que de raison, des sujets de chagrin et de
Ressentiment que leur fille me donne. Mais les voici l'un et l'autre fort à
Propos.
Un monologue est la plupart du temps une courte pièce satirique. Ces courtes pièces forment, par leur ensemble une sorte de revue satirique des divers états de la société. Le ton en est spirituel, et il est essentiellement comique ; le personnage qui parle étale ses travers ou ses mésaventures ; il fait rire de lui. Ce type de monologue est fréquemment utilisé par les chansonniers.
Lorsqu'un dramaturge compose une pièce de théâtre entière à un seul personnage, ce monologue est plus rarement comique. Il s'agit alors plutôt d'une introspection, ou d'une analyse des sentiments humains.
Il peut y avoir également des scènes de monologue au sein d'une pièce dialoguée, ainsi que des actes. S'il ne s'agit, à l'intérieur d'une scène, que d'une ou de quelques phrases qu'un personnage se dit à lui-même ou au spectateur, on désigne ce monologue du terme aparté.
Une vingtaine de monologues du Moyen Âge nous sont parvenus.
Principaux monologues :
* Le Franc-Archer de Bagnolet
* Le Clerc de taverne
* La Chambrière à louer à tout faire
Scène II
GEORGE DANDIN, LUBIN
GEORGE DANDIN, voyant sortir Lubin de chez lui.
Que diantre ce drôle-là vient-il faire chez moi?
LUBIN.
Voilà un homme qui me regarde.
GEORGE DANDIN.
Il ne me connaît pas.
LUBIN.
Il se doute de quelque chose.
GEORGE DANDIN.
Ouais! il a grand-peine à saluer.
LUBIN.
J'ai peur qu'il n'aille dire qu'il m'a vu sortir de là-dedans.
GEORGE DANDIN.
Bonjour.
LUBIN.
Serviteur.
GEORGE DANDIN.
Vous n'êtes pas d'ici, que je crois?
LUBIN.
Non, je n'y suis venu que pour voir la fête de demain.
GEORGE DANDIN.
Hé! dites-moi un peu, s'il vous plaît, vous venez de là-dedans?
LUBIN.
Chut!
GEORGE DANDIN.
Comment?
LUBIN.
Paix!
GEORGE DANDIN.
Quoi donc?
LUBIN.
Motus! Il ne faut pas dire que vous m'ayez vu Sortir de là.
GEORGE DANDIN.
Pourquoi?
LUBIN.
Mon Dieu! parce.
GEORGE DANDIN.
Mais encore?
LUBIN.
Doucement. J'ai peur qu'on ne nous écoute.
GEORGE DANDIN.
Point, point.
LUBIN.
C'est que je viens de parler à la maîtresse du logis, de la part d'un certain
monsieur qui lui fait les doux yeux, et il ne faut pas qu'on sache cela.
Entendez vous?
GEORGE DANDIN.
Oui.
LUBIN.
Voilà la raison. On m'a enchargé de prendre garde que personne ne me vît,
et je vous prie au moins de ne pas dire que vous m'ayez vu.
GEORGE DANDIN.
Je n'ai garde.
LUBIN.
Je suis bien aise de faire les choses secrètement comme on m'a
recommandé.
GEORGE DANDIN.
C'est bien fait.
LUBIN.
Le mari, à ce qu'ils disent, est un jaloux qui ne veut pas qu'on fasse l'amour
à sa femme, et il ferait le diable à quatre si cela venait à ses oreilles: vous
comprenez bien?
GEORGE DANDIN.
Fort bien.
LUBIN.
Il ne faut pas qu'il sache rien de tout ceci.
GEORGE DANDIN.
Sans doute.
LUBIN.
On le veut tromper tout doucement: vous entendez bien?
GEORGE DANDIN.
Le mieux du monde.
LUBIN.
Si vous alliez dire que vous m'avez vu sortir dem chez lui, vous gâteriez
toute l'affaire: vous comprenez bien?
GEORGE DANDIN.
Assurément. Hé? comment nommez vous celui qui vous a envoyé làdedans?
LUBIN.
C'est le seigneur de notre pays, Monsieur le Vicomte de chose... Foin! je ne
me souviens jamais comment diantre ils baragouinent ce nom-là. Monsieur
Cli... Clitandre.
GEORGE DANDIN.
Est-ce ce jeune courtisan qui demeure...
LUBIN.
Oui: auprès de ces arbres!.
GEORGE DANDIN, à part.
C'est pour cela que depuis peu ce damoiseau poli s'est venu loger contre
moi; J'avais bon nez sans doute, et son voisinage déjà m'avait donné
quelque soupçon.
LUBIN.
Testigué! c'est le plus honnête homme que vous ayez jamais vu. Il m'a
donné trois pièces d'or pour aller dire seulement à la femme qu'il est
amoureux d'elle, et qu'il souhaite fort l'honneur de pouvoir lui parler.
Voyez s'il y a là une grande fatigue pour me payer si bien, et ce qu'est au
prix de cela une journée de travail où je ne gagne que dix sols.
GEORGE DANDIN.
Hé bien! avez-vous fait votre message?
LUBIN.
Oui, j'ai trouvé là-dedans une certaine Claudine, qui tout du premier coup a
compris ce que je voulais, et qui m'a fait parler à sa maîtresse.
GEORGE DANDIN, à part.
Ah! coquine de servante!
LUBIN.
Morguéne! cette Claudine est tout à fait jolie, elle a gagné mon amitié, et il
ne tiendra qu'à elle que nous ne soyons mariés ensemble.
GEORGE DANDIN.
Mais quelle réponse a fait la maîtresse à ce Monsieur le courtisan?
LUBIN.
Elle m'a dit de lui dire.., attendez, je ne sais si je me souviendrai bien de
tout cela... qu'elle lui est tout à fait obligée de l'affection qu'il a pour elle,
et qu'à cause de son mari, qui est fantasque, il garde d'en rien faire
paraître, et qu'il faudra songer à chercher quelque invention pour se
pouvoir entretenir tous deux.
GEORGE DANDIN, à part. Ah! pendarde de femme!
LUBIN.
Testiguiéne! cela sera drôle; car le mari ne se doutera point de la
manigance, voilà ce qui est de bon; et il aura un pied de nez avec sa
jalousie: est-ce pas?
GEORGE DANDIN.
Cela est vrai.
LUBIN.
Adieu. Bouche cousue au moins. Gardez bien le secret, afin que le mari ne
le sache pas.
GEORGE DANDIN.
Oui, oui.
LUBIN.
Pour moi, je vais faire semblant de rien: je suis un fin matois, et l'on ne
dirait pas que j'y touche.
Scène III
GEORGE DANDIN
Hé bien! George Dandin, vous voyez de quel air votre femme vous traite.
Voilà ce que c'est d'avoir voulu épouser une demoiselle: l'on vous
accommode de toutes pièces, sans que vous puissiez vous venger, et la
gentilhommerie vous tient les bras liés. L'égalité de condition laisse du
moins à l'honneur d'un mari liberté de ressentiment; et si c'était une
paysanne, vous auriez maintenant toutes vos coudées franches à vous en
faire la justice à bons coups de bâton. Mais vous avez voulu tâter de la
noblesse, et il vous ennuyait d'être maître chez vous. Ah! j'enrage de tout
mon coeur, et je me donnerais volontiers des soufflets. Quoi? écouter
impudemment l'amour d'un damoiseau, et y promettre en même temps de
la correspondance Morbleu! je ne veux point laisser passer une occasion de
la sorte. Il me faut de ce pas aller faire mes plaintes au père et à la mère,
et les rendre témoins, à telle fin que de raison, des sujets de chagrin et de
Ressentiment que leur fille me donne. Mais les voici l'un et l'autre fort à
Propos.