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    la correspond entre hier et aujourd'hui

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    GODOF
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    مُساهمة من طرف GODOF الخميس 8 أكتوبر - 20:25


    De tous les dynamismes nouveaux qui travaillent le Québec depuis la Révolution tranquille, l'affirmation et la contribution des femmes à notre évolution collective demeure l'un des phénomènes qui retient le plus volontiers l'attention des observateurs étrangers.



    Le féminisme québécois: un modèle original il m'est arrivé fréquemment, ces dernières années, d'avoir à informer ou à piloter ici des journalistes, des écrivains, des sociologues, des parlementaires français, belges, suisses ou américains. Au terme de leur visite, la plupart d'entre eux m'exprimaient des propos flatteurs concernant la qualité et l'originalité du féminisme québécois. «Vous avez au Québec des femmes tout à fait remarquables au plan de l'action et extrêmement bien structurées au plan de la pensée», me confiait-on volontiers comme s'il s'agissait d'une découverte surprenante...



    A ceux et celles d'entre eux à qui il avait été donné de séjourner dans «la belle province» avant les années '60, cette «nouvelle Québécoise» apparaissait en effet sous les traits d'une véritable mutante. Comment, pensaient-ils sans doute, toutes ces mères Plouffe en tablier, ces femmes ignorantes, chargées d'enfants et soumises à leurs curés, avaient-elles pu, en moins d'une génération, donner naissance à ces militantes, ces artistes, ces chefs d'entreprise, ces députés, ces animatrices sociales autonomes, lucides et résolues? Certes, la montée du féminisme contemporain constitue un phénomène propre à tout l'Occident industrialisé; mais, à leurs yeux, son accélération en ce coin précis de l'Amérique du Nord semblait tenir du miracle, sinon du prodige...



    Je ne scandaliserai personne sans doute en affirmant là-dessus que je tiens la Révolution tranquille comme une sorte d'écran qui nous a masqué momentanément notre histoire, certains de ses idéologues comme des amnésiques et le mythe de la Mère Plouffe comme un stéréotype souvent bien abusif... Les Québécoises de 1980, en effet, sont loin d'être des mutantes surgies d'un limon informe. Quant à leur prise de parole si spectaculaire depuis vingt ans, elle se situe bien dans la même foulée d'affirmation collective qui caractérise la renaissance globale de leur société. La «grande noirceu» n'était pas faite, là non plus, de néant absolu. Elle n'était qu'une longue hibernation, faite de germinations souterraines, de radicelles invisibles parcourant notre sous-sol culturel pour relier les jeunes pousses impatientes au vieux tronc somnolent de notre histoire.



    Si ce printemps foudroyant d'un été incertain a tant surpris les observateurs, c'est moins par la brutalité des attaques de la «révolution» que par la tranquillité avec laquelle les plus gros bastions du conservatisme s'effondraient d'eux-mêmes, à l'époque, minés qu'ils étaient, semble-t-il, dans leurs fondements les plus profonds: clérico-nationalisme de droite, intégrisme religieux, corporatisme, élitisme arrogant, rigorisme moral, chauvinisme, etc. Si le féminisme québécois des années '60 a pu se développer et progresser en douceur, avec peu ou pas de manifestations violentes et quasi sans rencontrer de ces résistances haineuses qui caractérisent, en d'autres contrées, le discours antiféministe, c'est sans doute que son action et ses procédés n'étaient pas complètement étrangers aux modèles culturels inconsciemment familiers à la société québécoise, depuis ses plus lointaines origines.



    Certes, les féministes des années '40 qui avaient supporté les luttes d'Idola Saint-Jean et de Thérèse Casgrain en faveur du suffrage féminin s'étaient heurtées à l'hostilité et au mépris d'un tel discours. Mais tel était, à l'époque, le sort que cette société, momentanément figée et bloquée, réservait en général à toutes les forces progressistes: les coups de matraque répondaient aux revendications les plus élémentaires des travailleurs, le cadenas à la dissidence religieuse et les quolibets grossiers aux requêtes féministes. La Révolution tranquille amorcée, toutes ces forces de changement, trop longtemps comprimées, se mirent à progresser de manière étonnamment parallèle. Dans cette course en avant, le féminisme québécois ne devait évidemment pas tirer de l'aile.



    Un enracinement historique méconnu



    Aux premiers jours de cette Révolution tranquille, les Québécoises et les Québécois, résolus d'en finir avec le «complexe du colonisé», s'arment pour la croisade du progrès et du rattrapage. Trop longtemps confisquée par les idéologies conservatrices pour alimenter ledit complexe, notre histoire est répudiée avec une impatience rageuse par de nouvelles élites éprises de modernité et de changement. «Notre maître, le passé» est un slogan désuet dont on ne veut désormais plus entendre parler. Et tandis que les antiquaires étrangers rachètent pour une bouchée de pain les trésors archéologiques de nos églises et que la polyvalente chromée remplace l'école de village, Dollard des Ormeaux se mue en trafiquant de fourrures véreux, Madeleine de Verchères en mégère aux moeurs douteuses, nos ancêtres en repris de justice et les Filles du Roy en filles de Joie... La fuite en avant devient logiquement alors la seule issue possible pour un peuple épris de fierté et de projets d'avenir.



    Le féminisme québécois des années '60 n'échappera pas, lui non plus, à la tentation de ces réductions manichéennes instantanées. Les personnages littéraires féminins et les créatures des téléromans de l'époque nous renvoient l'image affligeante d'une mère larmoyante, écrasée par les maternités et les besognes ménagères et tirant vengeance de son existence sans horizons en castrant psychologiquement son mari, ses filles et ses fils... Il faudra attendre plus de dix ans pour voir contester et nuancer ce stéréotype historique de la femme québécoise. Il faudra attendre les travaux récents des historiennes Micheline Dumont-Johnson, Marcelle Reeves-Morache, Marie Lavigne, Michèle Jean, Yolande Pinard et combien d'autres, pour que les opinions soutenues depuis toujours par l'ethnologue Robert-Lionel Seguin sur la place des femmes dans la société québécoise d'autrefois soient relues avec un peu Plus de sérieux et pour que nos vaillantes ancêtres aient droit à un timide début de réhabilitation !

      الوقت/التاريخ الآن هو الخميس 14 نوفمبر - 23:40