Les oasis du Djerid : un milieu en crise.
La région des oasis du Djerid, dans le sud tunisien, passe aujourd’hui par une période de bouleversements.
- Crise agro-écologique. L’oasis est un milieu fragile dont les principales composantes environnementales (climat, système hydrique)sont en situation d’équilibre précaire. Or, on observe actuellement une baisse de l’artésianisme des nappes, une dégradation de la qualité des dattes qui suggère une modification néfaste du mésoclimat oasien, une tendance à la culture monovariétale qui fait peser de lourds risques phytosanitaires, l’érosion d’un capital génétique riche, la poursuite de la désertification des steppes environnantes. Ces changements conduisent à s’interroger sur la reproductibilité future de cet écosystème, voire sur son existence même.
- Crise socio-économique. Depuis le début du siècle, la société djéridi cherche à s’adapter aux changements de l’environnement politique et économique. Mais les exigences de la modernité sont souvent en contradiction avec l’organisation sociale héritée :
. Le "khamessat", mode de faire valoir proche du métayage (et hérité de l’esclavage), s’avère de plus en plus inadapté et archaïque, de sorte que la palmeraie manque de main d’oeuvre : elle est, en particulier, délaissée par les jeunes.
. La palmeraie, principal capital productif de la région, est largement sous-exploitée : les rendements restent bas et la qualité des dattes tend à diminuer. Ainsi, l’agriculture valorise mal l’eau, la principale ressource rare.
. Les infrastructures modernes (système d’exhaure et distribution de l’eau en particulier)sont coûteuses et nécessitent le recours à des moyens extra-nationaux. La haute valeur marchande de la datte Deglet Nour justifie, aujourd’hui, les lourds investissements réalisés. Mais la baisse, possible à moyen terme, des cours de cette variété pourrait remettre en cause la rentabilité des investissements.
. Les disparités économiques entre petites et grandes exploitations tendent à s’accroître, exacerbant les tensions sociales.
. L’eau, une préoccupation constante. Devant la succès mitigé des mesures prises pour encourager la modernisation des exploitations dans ces oasis anciennes, une étude des systèmes de production a été réalisée d’avril à septembre 1989 en vue de comprendre les raisons qui conduisaient certains producteurs à les adopter et d’autres à les refuser. Dès le début de l’étude, la question hydrique s’est avérée centrale et déterminante. C’est autour de sa gestion que s’articule l’ensemble des pratiques productives et des rapports sociaux.
- Depuis la mise en oeuvre du Plan directeur des eaux du Sud, les interventions de l’Etat visant à créer de nouvelles palmeraies et à réhabiliter les anciennes ont surtout consisté en la réalisation de forages profonds (plusieurs centaines de mètres pour certains)et en la mise en place de réseaux de distribution.
- Depuis le début du siècle, les oasiens ont vu peu à peu leur échapper leur pouvoir de contrôle et de gestion de l’eau, leur rôle se limitant aujourd’hui à la pratique de l’irrigation à l’intérieur de leurs parcelles, les quantités, fréquences, heures d’irrigation étant fixées administrativement. La faiblesse des quantités distribuées les conduit à adapter, voire inventer des pratiques leur permettant de valoriser au mieux l’eau à laquelle ils ont droit.
- Durant ces trente dernières années, la vie des oasis a été marquée par de graves périodes de pénurie d’eau qui ont conduit à la mort de nombreux arbres fruitiers et à un dépérissement général de certaines oasis anciennes. La mémoire collective en a été profondément : marquée. Aujourd’hui, la quasi-totalité des Djéridi ramène tous les problèmes de la région à une question d’eau. La pertinence de leurs observations ou parfois leur incongruité dénote un important potentiel d’innovations et de créativité.
- L’eau, aujourd’hui, est encore la principale source de conflit. C’est l’opposition entre les oasiens et l’administration qui prévaut. Cette dernière, omnipotente en matière de gestion de l’eau, est tenue pour responsable de tous les maux. Les oasiens sont, quant à eux, considérés comme passéistes et "gaspilleurs d’eau".
Cette opposition traduit la confrontation de préoccupations contradictoires : celle de l’Etat étant de construire le développement économique de la région sur la base d’une extension des superficies et de la production régionale de dattes Deglet Nour, celle des "producteurs" étant de valoriser l’existant (leur capital). Toutes deux nécessitent en premier lieu la mise à disposition de nouvelles ressources en eau. Or, on serait aujourd’hui proche d’un niveau d’exploitation maximal.
La région des oasis du Djerid, dans le sud tunisien, passe aujourd’hui par une période de bouleversements.
- Crise agro-écologique. L’oasis est un milieu fragile dont les principales composantes environnementales (climat, système hydrique)sont en situation d’équilibre précaire. Or, on observe actuellement une baisse de l’artésianisme des nappes, une dégradation de la qualité des dattes qui suggère une modification néfaste du mésoclimat oasien, une tendance à la culture monovariétale qui fait peser de lourds risques phytosanitaires, l’érosion d’un capital génétique riche, la poursuite de la désertification des steppes environnantes. Ces changements conduisent à s’interroger sur la reproductibilité future de cet écosystème, voire sur son existence même.
- Crise socio-économique. Depuis le début du siècle, la société djéridi cherche à s’adapter aux changements de l’environnement politique et économique. Mais les exigences de la modernité sont souvent en contradiction avec l’organisation sociale héritée :
. Le "khamessat", mode de faire valoir proche du métayage (et hérité de l’esclavage), s’avère de plus en plus inadapté et archaïque, de sorte que la palmeraie manque de main d’oeuvre : elle est, en particulier, délaissée par les jeunes.
. La palmeraie, principal capital productif de la région, est largement sous-exploitée : les rendements restent bas et la qualité des dattes tend à diminuer. Ainsi, l’agriculture valorise mal l’eau, la principale ressource rare.
. Les infrastructures modernes (système d’exhaure et distribution de l’eau en particulier)sont coûteuses et nécessitent le recours à des moyens extra-nationaux. La haute valeur marchande de la datte Deglet Nour justifie, aujourd’hui, les lourds investissements réalisés. Mais la baisse, possible à moyen terme, des cours de cette variété pourrait remettre en cause la rentabilité des investissements.
. Les disparités économiques entre petites et grandes exploitations tendent à s’accroître, exacerbant les tensions sociales.
. L’eau, une préoccupation constante. Devant la succès mitigé des mesures prises pour encourager la modernisation des exploitations dans ces oasis anciennes, une étude des systèmes de production a été réalisée d’avril à septembre 1989 en vue de comprendre les raisons qui conduisaient certains producteurs à les adopter et d’autres à les refuser. Dès le début de l’étude, la question hydrique s’est avérée centrale et déterminante. C’est autour de sa gestion que s’articule l’ensemble des pratiques productives et des rapports sociaux.
- Depuis la mise en oeuvre du Plan directeur des eaux du Sud, les interventions de l’Etat visant à créer de nouvelles palmeraies et à réhabiliter les anciennes ont surtout consisté en la réalisation de forages profonds (plusieurs centaines de mètres pour certains)et en la mise en place de réseaux de distribution.
- Depuis le début du siècle, les oasiens ont vu peu à peu leur échapper leur pouvoir de contrôle et de gestion de l’eau, leur rôle se limitant aujourd’hui à la pratique de l’irrigation à l’intérieur de leurs parcelles, les quantités, fréquences, heures d’irrigation étant fixées administrativement. La faiblesse des quantités distribuées les conduit à adapter, voire inventer des pratiques leur permettant de valoriser au mieux l’eau à laquelle ils ont droit.
- Durant ces trente dernières années, la vie des oasis a été marquée par de graves périodes de pénurie d’eau qui ont conduit à la mort de nombreux arbres fruitiers et à un dépérissement général de certaines oasis anciennes. La mémoire collective en a été profondément : marquée. Aujourd’hui, la quasi-totalité des Djéridi ramène tous les problèmes de la région à une question d’eau. La pertinence de leurs observations ou parfois leur incongruité dénote un important potentiel d’innovations et de créativité.
- L’eau, aujourd’hui, est encore la principale source de conflit. C’est l’opposition entre les oasiens et l’administration qui prévaut. Cette dernière, omnipotente en matière de gestion de l’eau, est tenue pour responsable de tous les maux. Les oasiens sont, quant à eux, considérés comme passéistes et "gaspilleurs d’eau".
Cette opposition traduit la confrontation de préoccupations contradictoires : celle de l’Etat étant de construire le développement économique de la région sur la base d’une extension des superficies et de la production régionale de dattes Deglet Nour, celle des "producteurs" étant de valoriser l’existant (leur capital). Toutes deux nécessitent en premier lieu la mise à disposition de nouvelles ressources en eau. Or, on serait aujourd’hui proche d’un niveau d’exploitation maximal.