Le proverbe, la maxime et la devise sont des énoncés normatifs lapidaires, fortement rythmés et souvent imagés, de longue durée de fonctionnement.
Ce qui distingue la maxime des deux autres genres est l'individualisme. Alors que le proverbe est puisé à un fonds commun de sagesse représentant la tradition, la maxime est une vérité écrite dont un auteur prend la reponsabilité. Elle est critique, incisive et volontiers ironique. Le proverbe ne fait que répéter la doxa, alors que la maxime la remet en cause ou en ruine les assises. Mais il ne s'agit pas seulement d'apporter une vision nouvelle: la maxime est un apophtegme qui a ambition de proverbe, elle est destinée à passer dans l'usage. La structure rythmique de la maxime a une double fonction: mnémonique et incantatoire. Un énoncé bien frappé s'imprime aisément dans la mémoire et crée le besoin de se faire répéter. Les maximes d'excellente facture ont une stabilité qui leur permet de passer à travers le temps.
Le proverbe est une courte maxime entrée dans l'usage courant. Du point de vue formel, il se distingue souvent par le caractère archaïque de sa construction grammaticale : par l'absence d'article, par l'absence de l'antécédent, par la non-observation de l'ordre conventionnel des mots. La structure rythmique du proverbe est souvent binaire. On y trouve l'opposition de deux propositions ou de deux groupes de mots à l'intérieur de la proposition. La rime ou l'assonance vient parfois souligner l'opposition. Cette structure est souvent renforcée par l'utilisation d'oppositions sur le plan lexical : la répétition des mots, la mise en présence syntagmatique de couples oppositionnels de mots. Les traits spécifiques du proverbe en français sont l'emploi du cas-sujet et du cas-régime dans les expressions nominales, la présence de compléments déterminatifs, l'ellipse des relatifs, les consécutives négatives, les relatives au subjonctif, l'infinitif substantivé ou servant de thème dans une phrase à prédicat, la conjonction de coordination et introduisant une principale, les phrases nominales et les constructions chiasmatiques.
La formulation archaïsante des proverbes renvoie à un passé non déterminé, leur confère une sorte d'autorité qui relève de la sagesse des anciens. Le caractère archaïque des proverbes constitue une mise hors du temps des significations qu'ils contiennent. Le présent employé est le temps anhistorique qui aide à énoncer, sous forme de simples constatations, des vérités éternelles. L'impératif, en instituant une réglementation hors du temps, assure la permanence d'un ordre moral sans variations.
La devise est une injonction réflexive exprimant un idéal. Mais la norme qui la fonde n'est pas, comme dans la maxime et le proverbe, générale. Elle ne concerne qu'un individu, une famille, une nation.
La terre d'élection des trois genres est le discours argumentatif. Le proverbe, la devise et ls maxime sont un moyen facile de communication avec l'auditoire (voir Perelman). Ils constituent des message dont la source originelle est inconnue ou voilée. Devenus a-contextuels, vides, ces faits énonciatifs s'offrent comme le lieu idéal de l'insertion de nouvelles instances émettrices qui, les manipulant à leur guise, en assument provisoirement la responsabilité. Ceci explique leur forte charge idéologique et leur fonctionnement comme signes univoques, mono- isotopiques, propriétés qui les rendent utiles lorsqu'il s'agit d'établir un consensus rapide entre idiolectes.
Dans la langue parlée, ils se distinguent de l'ensemble de la chaîne par le changement d'intonation : le locuteur abandonne momentanément sa voix et en emprunte une autre pour proférer un segment de la parole qui ne lui appartient pas en propre, qu'il ne fait que citer. C'est donc l'élément d'un code particulier, intercalé à l'intérieur de messages échangés.
Origines.
1) Origines du proverbe.
- Les civilisations archaïques et pré-chrétiennes (au Moyen- Orient, en Asie, en Europe) véhiculaient des proverbes. Chez les Sumériens et les Égyptiens (les deux plus anciennes civilisations connues par l'écriture), les proverbes étaient rassemblés en collections, à emploi sans doute pédagogique. Ils ont circulé dans tout le Proche-Orient. Les Grecs et les Latins sont redevables de nombreux proverbes au Proche-Orient ancien.
- Le proverbe peut être rapproché des lois et des textes religieux (ex. le Livre des Proverbes). Mais le mot hébreu traduit "proverbe" (Meshalim) signifie plutôt poème et désigne en fait un exposé de morale religieuse, vs les proverbes populaires dont le ton apparemment péremptoire est toujours tempéré par l'humour, et dont les métaphores énigmatiques renvoient à l'ambiguïté du réel.
- Civilisation gréco-romaine. Lien entre le proverbe et les autres genres de la littérature orale. Très souvent, dans les fables d'Ésope, le récit s'achève par une formule lapidaire qui résume l'histoire et propose une moralité. Cette formule peut prendre son indépendance, l'image surprenante renvoie à une histoire connue de tous et qu'il n'est pas besoin de rappeler.
Ce qui distingue la maxime des deux autres genres est l'individualisme. Alors que le proverbe est puisé à un fonds commun de sagesse représentant la tradition, la maxime est une vérité écrite dont un auteur prend la reponsabilité. Elle est critique, incisive et volontiers ironique. Le proverbe ne fait que répéter la doxa, alors que la maxime la remet en cause ou en ruine les assises. Mais il ne s'agit pas seulement d'apporter une vision nouvelle: la maxime est un apophtegme qui a ambition de proverbe, elle est destinée à passer dans l'usage. La structure rythmique de la maxime a une double fonction: mnémonique et incantatoire. Un énoncé bien frappé s'imprime aisément dans la mémoire et crée le besoin de se faire répéter. Les maximes d'excellente facture ont une stabilité qui leur permet de passer à travers le temps.
Le proverbe est une courte maxime entrée dans l'usage courant. Du point de vue formel, il se distingue souvent par le caractère archaïque de sa construction grammaticale : par l'absence d'article, par l'absence de l'antécédent, par la non-observation de l'ordre conventionnel des mots. La structure rythmique du proverbe est souvent binaire. On y trouve l'opposition de deux propositions ou de deux groupes de mots à l'intérieur de la proposition. La rime ou l'assonance vient parfois souligner l'opposition. Cette structure est souvent renforcée par l'utilisation d'oppositions sur le plan lexical : la répétition des mots, la mise en présence syntagmatique de couples oppositionnels de mots. Les traits spécifiques du proverbe en français sont l'emploi du cas-sujet et du cas-régime dans les expressions nominales, la présence de compléments déterminatifs, l'ellipse des relatifs, les consécutives négatives, les relatives au subjonctif, l'infinitif substantivé ou servant de thème dans une phrase à prédicat, la conjonction de coordination et introduisant une principale, les phrases nominales et les constructions chiasmatiques.
La formulation archaïsante des proverbes renvoie à un passé non déterminé, leur confère une sorte d'autorité qui relève de la sagesse des anciens. Le caractère archaïque des proverbes constitue une mise hors du temps des significations qu'ils contiennent. Le présent employé est le temps anhistorique qui aide à énoncer, sous forme de simples constatations, des vérités éternelles. L'impératif, en instituant une réglementation hors du temps, assure la permanence d'un ordre moral sans variations.
La devise est une injonction réflexive exprimant un idéal. Mais la norme qui la fonde n'est pas, comme dans la maxime et le proverbe, générale. Elle ne concerne qu'un individu, une famille, une nation.
La terre d'élection des trois genres est le discours argumentatif. Le proverbe, la devise et ls maxime sont un moyen facile de communication avec l'auditoire (voir Perelman). Ils constituent des message dont la source originelle est inconnue ou voilée. Devenus a-contextuels, vides, ces faits énonciatifs s'offrent comme le lieu idéal de l'insertion de nouvelles instances émettrices qui, les manipulant à leur guise, en assument provisoirement la responsabilité. Ceci explique leur forte charge idéologique et leur fonctionnement comme signes univoques, mono- isotopiques, propriétés qui les rendent utiles lorsqu'il s'agit d'établir un consensus rapide entre idiolectes.
Dans la langue parlée, ils se distinguent de l'ensemble de la chaîne par le changement d'intonation : le locuteur abandonne momentanément sa voix et en emprunte une autre pour proférer un segment de la parole qui ne lui appartient pas en propre, qu'il ne fait que citer. C'est donc l'élément d'un code particulier, intercalé à l'intérieur de messages échangés.
Origines.
1) Origines du proverbe.
- Les civilisations archaïques et pré-chrétiennes (au Moyen- Orient, en Asie, en Europe) véhiculaient des proverbes. Chez les Sumériens et les Égyptiens (les deux plus anciennes civilisations connues par l'écriture), les proverbes étaient rassemblés en collections, à emploi sans doute pédagogique. Ils ont circulé dans tout le Proche-Orient. Les Grecs et les Latins sont redevables de nombreux proverbes au Proche-Orient ancien.
- Le proverbe peut être rapproché des lois et des textes religieux (ex. le Livre des Proverbes). Mais le mot hébreu traduit "proverbe" (Meshalim) signifie plutôt poème et désigne en fait un exposé de morale religieuse, vs les proverbes populaires dont le ton apparemment péremptoire est toujours tempéré par l'humour, et dont les métaphores énigmatiques renvoient à l'ambiguïté du réel.
- Civilisation gréco-romaine. Lien entre le proverbe et les autres genres de la littérature orale. Très souvent, dans les fables d'Ésope, le récit s'achève par une formule lapidaire qui résume l'histoire et propose une moralité. Cette formule peut prendre son indépendance, l'image surprenante renvoie à une histoire connue de tous et qu'il n'est pas besoin de rappeler.